jeudi 20 mars 2008

Aprés les municipales


Corinne Lepage : reactions




« L’épreuve » des municipales est passée ; l’on n’avait jamais autant parlé du MODEM qu’entre les deux tours ; les résultats en terme d’élus sont forcément modestes mais notre Mouvement s’installe complètement dans la vie publique ; c’est même sans doute, la seule nouveauté réelle depuis très longtemps dans le paysage politique français.


Ces municipales ont parfois un peu brouillé notre message ; des comportements individuels ont pu apparaître comme n’étant que de l’opportunisme ; dans ce genre d’élections où les situations locales sont toutes différentes, il eut été difficile qu’il en fut autrement. L'option pour de listes MODEM autonomes, avant le premier tour, dans toutes les villes de plus de 20000 habitants, aurait sans doute été préférable et bien mieux comprise. Il faudra s’en souvenir pour le futur. Nous avons maintenant devant nous, avant les présidentielles, deux élections à la proportionnelle, les régionales et les européennes, et il sera bien plus facile pour le MODEM de s’y inscrire d’une façon plus performante et bien plus identifiable.


Il faut, me semble t il, revenir et communiquer le plus rapidement possible sur « nos fondamentaux » comme s’y emploie déjà François Bayrou. ; Certains de nos amis proposent de créer au sein de notre mouvement un courant en ranimant l’ex UDF comme aile droite de notre parti afin de bénéficier de rapprochement possible avec le Nouveau Centre et l’ UMP ; ceci permettrait selon eux de freiner « l’hémorragie » d’élus et de notables et de mieux nous ancrer localement.Je crois sincèrement que ce serait une grave erreur et que nous n’avons surtout pas vocation à devenir une succursale d’un des deux partis principaux de droite et de gauche, comme le sont « le Nouveau Centre » pour l’ UMP et le PRG pour le PS. le Nouveau Centre et le PRG ont peut être plus d’élus que le MODEM mais que représentent t ils ?


Nous avons l’immense avantage d’avoir, par rapport à nos concurrents de l’ UMP et du PS, un leader incontesté et qui, malgré l’échec tout relatif de Pau, fait parti des quelques personnalité politique de tout premier plan dans notre pays. François Bayrou est d’ailleurs aujourd'hui le seul présidentiable parfaitement identifié ; nous avons l’avantage aussi, d’avoir su formuler grâce à François Bayrou une nouvelle ligne politique d’un centre ,exigeant et autonome, et d’avoir tentée de la mettre en pratique ; avec des réussites diverses il est vrai,lors de ces élections, mais nous n’en sommes qu’au tout début d’une histoire qui va s’inscrire dans la durée. Je crois sincèrement qu’il faut savoir garder ce cap, même si c’est au prix d’une petite traversée du désert. Je crois, plus que jamais, que le vrai pluralisme, nécessaire au bon fonctionnement de notre démocratie, passera par l’émergence et la reconnaissance d’un vrai courant qui sera en mesure d’exister en dehors et entre les deux grands partis, souvent en position hégémonique, que sont le PS et l’ UMP et que ce courant se constituera avec et autour du MODEM.


Claude Meslier






extrait d'un interview de François Bayrou par l'hebdomadaire La Vie(décembre 2007)


Combien de temps vous donnez-vous pour réussir la création du MoDem ?

F.Bayrou :Nous sommes devant une période de construction qui prendra trois à quatre ans. Ce n’est pas rien de faire naître un courant politique, de créer une cohésion entre les anciens militants et les 40000 nouveaux adhérents, de faire monter une nouvelle génération. De gros chantiers nous attendent : pour faire bouger la société, quel moteur imaginer qui ne soit pas seulement celui de l’enrichissement personnel ? Comment créer une démocratie de citoyens responsables qui ne soit plus manipulée par la communication ? Comment empêcher la mainmise sur les médias ? Quel nouveau visage donner au projet européen ?

La Vie :Vous parlez d’une autre démarche politique : qu’est-ce que cela veut dire ?

F.Bayrou :Beaucoup de gens attendent une action fondée sur des convictions, et non sur des compromissions. Aujourd’hui, le gouvernement accepte de ne pas exister, les médias d’être contrôlés par des réseaux liés aux puissances financières, et certains hommes politiques d’être des cibles pour le débauchage. C’est un temps dans lequel on est en droit de s’inquiéter. La fascination individuelle pour le pouvoir joue un rôle, mais les institutions favorisent aussi des attitudes de servilité. Nous avons besoin d’institutions qui poussent à la liberté d’esprit, au courage, aux convictions. Seul un changement institutionnel sérieux permettra d’en sortir. Il faut rendre au Parlement son indépendance par rapport à l’exécutif. Il faut que des voix libres puissent s’y faire entendre. Et sans une loi électorale plus juste, ce but ne pourra être atteint.

La Vie :Jean-Marie Cavada, un de vos fidèles, se présente à Paris sur une liste UMP. Êtes-vous découragé par ces abandons en série ?

F.Bayrou Non. Le MoDem n’existera que s’il défend son autonomie. La voix de tous ceux qui abandonnent leur combat pour un intérêt personnel ne compte plus au bout de quelques mois. Regardez ces dernières années : tous ceux qui se sont ralliés disparaissent. Et pour une raison simple : les citoyens n’aiment que les convictions fortes et les hommes – et femmes – courageux.
La Vie :Ces défections ne sont-elles pas aussi le signe d’une traversée du désert ?

F.Bayrou Je ne le nie pas. Sans doute est-elle plus rude que je ne l’imaginais au soir du premier tour. Mais je l’assume. C’est un passage obligé chaque fois qu’on bouscule les repères habituels. Pendant la traversée du désert de de Gaulle, quand ses députés « partaient à la soupe », Malraux disait : « Perdre des députés, c’est embêtant. Mais perdre l’idée qui nous a fait vivre, c’est un suicide. » Je n’hésite pas : entre mes valeurs et le confort d’une carrière, j’opte pour mes valeurs, car là est l’avenir. Dans une traversée du désert – encore qu’il ne faille pas exagérer : peut-on parler de désert quand on a des dizaines de milliers de militants autour de soi ? –, il est bon de se recentrer sur l’essentiel : ce en quoi vous croyez. Mais je ne doute pas qu’au bout du chemin les yeux des Français vont s’ouvrir.





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